« Pour nous autres révolutionnaires, le romantisme est mal perçu. Il représente une vision du monde opposée au matérialisme que nous défendons, une vision qui n’est pas basée sur des faits purs et clairs, sur des vérités scientifiques vérifiables. Ce combat se situe au niveau des idées abstraites, des grands principes et des mythes. Malgré ce juste rejet, notre but ici est justement de revenir sur la part de mythe qui anime tout combat politique. »
Cf. la distinction entre deux formes de critique du capitalisme, « critique sociale » et « critique artiste » : « La critique sociale dénonce l’exploitation et la misère sociale. La critique artiste insiste sur l’aliénation, la perte de sens et l’autoritarisme. Dans le mouvement communiste ou dans les luttes de Mai 68 ses deux critiques convergent. Mais le capitalisme parvient à récupérer des éléments de critique. Ainsi la lutte des classes contre l'exploitation et la critique de l'aliénation doivent être indissociables. » (
http://www.zones-subversives.com/article-luc-boltanski-et-la-pensee-critique-103863877.html)
« Disons-le clairement : bien que nous basions notre réflexion politique sur une lecture matérialiste du monde, notre engagement est aussi marqué par des symboles, des valeurs, des références culturelles, des moments légendaires. […] Nos premiers pas en politique ont souvent été déterminés par des facteurs n’étant pas directement rationalisables. »
Le fait d'assumer ça peut également, je pense, nuancer la critique de la religion, car, dans certaines de ses pratiques, celle-ci peut aussi s'identifier à « des symboles, des valeurs, des références culturelles » sans sombrer nécessairement dans l'obscurantisme, la croyance aveugle, la foi irrationnelle, et la soumission à des entités sacrées ("Dieu", le clergé).
« Il est rare de devenir révolutionnaire après avoir lu le Capital et avoir été convaincu par la justesse de l’analyse développée par Marx. […] Un récit de violences policières quelque part, un reportage sur une guerre d’agression ou sur la misère dans un pays, sont des raisons considérées comme moins nobles et sérieuses car trop « humanitaires ». Pourtant, il est souvent plus facile au départ de se sentir solidaires d’une cause qui nous est étrangère que de se considérer comme étant soi même un sujet politique, opprimé-e ou rouage d’un système plus large. »
Cette dernière phrase est notamment valable, je pense, pour une certaine partie privilégiée de la population (classes moyennes), pour qui une entrée en matière trop "abrupte" via la critique de la vie quotidienne (style
https://www.youtube.com/watch?v=e5LcXFXgqw0) peut être rebutante (je généralise peut-être à tort, mais j'ai pu le constater).
− Yvain